« Les Cinq zang sont les cinq organes qui fondent la vie. Une présentation dynamique, qui suit l'ordre de succession des saisons, les aligne ainsi : le foie, le coeur, la rate, le poumon et les reins. Ils sont les capteurs des éléments qui, venus de l'extérieur, alimentent la vie à tous les niveaux : la nourriture comme les perceptions des sens et les réactions à tous les stimuli...

Les Cinq zang traitent ce qu'ils saisissent, après assimilation, sous forme d'essences ; ils réinjectent dans l'être le produit de leur travail, sous forme de souffles spécifiques. Si quelque chose n'est pas correctement contrôlé, réinjecté ou éliminé, c'est le germe d'une pathologie. Le mal s'inscrira dans la psychologie et dans la forme corporelle ; mais il viendra toujours de l'incapacité d'un zang à exprimer pleinement la parfaite puissance des Esprits qui l'habitent et le guident.

 Cinq est le nombre symbolique pour le croisement de souffles, qui se nouent en un centre vital. Il contient l'organisation et le développement qui vont se faire à partir de ce centre, pour constituer et entretenir un être. Cinq est une totalité interne.

La pensée chinoise a distribué en cinq aspects, cinq moments, le mouvement unifié de la vie : ce sont les Cinq éléments ou Cinq phases, qui tissent tout ce qui est produit de la Terre fécondée par le Ciel.

 Six est le nombre symbolique des modulations du flux vital, l'expression des mutations et des courants agencés qui font l'entretien concret d'un vivant. Six se présente souvent, et peut toujours s'expliquer, sous la forme de trois couples, car le couple reproduit à l'infini le modèle yin/yang et le nombre trois donne l'animation à tous les échanges. 

 La totalité de la vie qui surgit de l'intime, des Cinq zang, quand elle est regardée du point de vue de l'entretien, peut se présenter en trois couples.  C'est ainsi que le sang et les réseaux d'animation, la reconstruction nutritive et les souffles, les essences et les Esprits sont bien ce que les Cinq zang thésaurisent ; thésauriser, c'est produire incessamment par une opération profonde, secrète et essentielle.

 Par le jeu des correspondances, qui expriment logiquement des données physiologiques, des apparentements particuliers existent entre chaque terme de ces trois couples et chacun des cinq zang. Cependant, l'effet de totalité est primordial, dans l'un comme dans l'autre cas. Il faudra toujours s'en souvenir. Un corps unifié est régi par un unique Esprit, mais on ne pourrait rien dire, ni de l'un, ni de l'autre, si l'on ne savait discerner et qualifier, par le jeu de nombres symboliques, les fonctions du vivant.

Le sang et les trajets de l'animation, le réseau où bat la circulation qui entretient la vie corporelle sous la direction des Esprits, c'est la puissance du foie, qui thésaurise le sang, et du coeur actif, qui a la maîtrise des trajets de l'animation.

 Cet aspect de la vie est dans la circulation d'une juste quantité de sang, qui est pulsée, constamment, par le coeur, dans une circulation régulière et incessante ou qui est propulsée, sporadiquement, par le foie sous la pression de la nécessité, ainsi dans un muscle qui requiert un supplément de force pour son activité. Ce sang abonde en essences, car il est composé à partir des liquides les plus riches, des sucs les plus concentrés, élaborés à partir de la digestion. La couleur rouge, qui lui confère le sceau du coeur, en fait l'eau de la vie non seulement pour sa qualité nutritive, mais aussi pour sa capacité à être le véhicule des Esprits. 

 Le réseau sanguin répand donc partout les bienfaits aussi bien des essences que des Esprits. C'est l'amorce de l'aspect yang de la vie (foie et coeur sont les deux zang yang, mâles, correspondant respectivement aux éléments bois et feu), dans ses jaillissements (bois) et ses déploiements (feu).

La reconstruction nutritive et les souffles sont l'organisation, la complétion, la construction et le reconstruction, la réfection, en particulier parles moyens de la nutrition, prenant en compte les souffles ; l'aspect yang, de défense, concourt à l'entretien en profondeur. C'est la puissance de la rate, qui transforme et assimile, plaque tournante des distributions nutritives, reconstituant le corps jusqu'aux extrémités des membres ; c'est également le poumon, qui a la maîtrise des souffles et dont la puissance rayonne jusqu'aux frontière du corps : la peau et les poils.

Cet aspect de la vie est d'entretien de la vitalité (alimentation et respiration), dans une juste harmonie qui garde à l'interne ce qui reconstitue et répand à l'externe ce qui fait la solidité de la défense : la force assurée de la garde. Là est la seule garantie d'une diffusion correcte, yang, vers l'externe...

 L'association des essences et des Esprits, c'est l'Esprit vital, mystère de vie. Les Esprits imprègnent les essences ; ils font la vie et la font durer.

C'est la puissance des reins, base où sont composées et recomposées les essences ; et celle du coeur, vacant, le logis des Esprits. La relation suprême du Ciel (coeur) et abyssale de la Terre (reins) opère ce mystère vivant. Le Ciel/Terre en mouvement : ce qui descend d'en haut, à l'image du Bien, de la Vertu, du feu solaire ; ce qui monte d'en bas, à l'image de l'eau qui s'élève, des nuages ; c'est la relation des essences aux Esprits ; la vie ne se fait et ne se continue que par croisement et compénétration. L'animation sans aucune forme n'est pas plus possible que la forme dépourvue d'animation.(...)

 Ces trois couples sont la progression, en trois paliers, d'un processus de pénétration de la réalité du patient. Chacun reproduit la relation yin/yang (sang, reconstruction nutritive et essences étant du côté du yin, alors due le réseau d'animation, les souffles et les Esprits sont du côté du yang).

Ils sont la totalité de ce que thésaurisent les Cinq zang pour maintenir un homme vivant ».