ÉTÉ

Extraits tirés de l'ouvrage «la voie du ciel» Claude LARRE 

«SUWEN 2»

Commencement de l' Été ; commentaires

« Le soleil est dans la constellation des Hyades. On ne parle plus de se mettre à construire, on se préoccupe d'achèvements. L' été parfait ce que le printemps avait entrepris. Le feu et la puissance s'imposent comme vertus de la saison. La présidence passe à l'Empereur " Feu ardent "...La musique dit la note Zhi...Il y a dans la note de l'accomplissement une résonance de réalisation, comme dans le nombre 7, propre à la saison ; il y a dégagement de puissance vitale sous l'aspect d'organisation. C'est le nombre de la vitalité, particulièrement là où elle est le mieux représentée, dans la femme qui sera mère, au temps marqué.

 La saveur amère est plus soutenue que la saveur acide et l'odeur de brûlé rappelle évidemment le feu. Les animaux dont l'enveloppe est de plumes, légère, faite pour le vol conviennent bien à l'été et rappellent l'Oiseau Peng, symbole de l'ardeur yang qui monte au Ciel et va au Sud. Tel est le commencement de l'été (10) avec la huitième période, le remplissage des épis (11) qui à la période suivante sont pleins et barbelés. Les noms des périodes, solstice (13), petites chaleurs (14), grandes chaleurs (15), montrent une insistance sur le développement de la puissance yang. Il s'agit de la chaleur de l'air, différente de la chaleur corporelle. Alors que le printemps réchauffait, comme par en dessous, pour faire sortir les pousses, l'été écrase tout sous le Ciel d'un énorme poids de chaleur.

Le principe de la lumière, de la chaleur, de l'accroissement et le principe des ténèbres, du froid...entrent en lutte. Des conseils de modération des appétits et de tranquillité sont donnés, mais tout ayant un caractère de yang ascendant, on invite à rechercher ce qui est haut pour l'habitat comme pour la promenade. Contempler d'un site élevé de vastes étendues, c'est ce qu'il faut pour "consoner" à la saison ; ainsi entretient on le principe vital. On entretient en soi la croissance...»

traduction

« LES TROIS MOIS DE L'ÉTÉ SONT APPELES : PROSPÉRER ET DÉVELOPPER LA FLEUR.

LES SOUFFLES DU CIEL ET DE LA TERRE S'ENTRECROISENT,

LES DIX MILLE ÊTRES FLEURISSENT ET FRUCTIFIENT.

A LA NUIT, ON SE COUCHE ; A L'AUBE, ON SE LÈVE.

ON NE SE LAISSE PAS ACCABLER PAR LE SOLEIL,

EXERÇANT LE VOULOIR MAIS SANS VIOLENCE,

SECONDANT L'ÉCLAT DE LA BEAUTÉ ET DE LA FORCE

QUI ACCOMPLISSENT ALORS LEURS PROMESSES ;

IL FAUT SECONDER L'ÉCOULEMENT DES SOUFFLES

DONT IL APPARAÎT QU'ILS AIMENT ALLER A L'EXTÉRIEUR ».

Le souffle de la grande masse, manifesté au Printemps, est sorti. Il se tient à la surface du sol, à l'air libre : c'est l'Été. Le mouvement de jaillissement prospère, le déploiement de la verdeur se nuance de couleurs et des formes remarquables de la végétation, selon l'espèce...Les souffles du Ciel/Terre sont devenus visibles; le yin et le yang croisant leurs influences, se sont compénétrés.

Prospérer à l'été, c'est poursuivre le jaillissement du printemps et le Ciel témoigne ainsi, dans la végétation particulièrement, du don de vivre qu'il communique aux dix mille êtres. La reprise de la vertu correspondante de la terre s'appelait, au printemps : déployer ; l'été venant, le développement s'accentue, ce qui n'était que bourgeonnement printanier fait apparaître la fleur.

Se coucher avec la nuit et se lever avec l'aube se justifie. En été, plus encore qu'au printemps, on s'appuie sur le rayonnement solaire pour vivre. On se livre au dégagement yang mais sans excès. On se retient de vivre trop intensément. On se contente d'accompagner la manifestation puissante et sereine qui pare l'univers de beauté et de force alentour. La retenue indiquée s'explique par la crainte légitime de perdre ses souffles. Cependant comme ils aiment en été se répandre à l'extérieur, on se prête soi même à cette effusion.

traduction

« CECI EST LA CORRESPONDANCE AUX SOUFFLES DE L'ÉTÉ,

C'EST LA VOIE QUI ENTRETIENT LA CROISSANCE DE LA VIE.

ALLER A CONTRE COURANT PORTERAIT ATTEINTE AU COEUR ;

CAUSANT, A L'AUTOMNE, LA FIÈVRE INTERMITTENTE,

PAR INSUFFISANCE DE L'APPORT A LA RÉCOLTE.

L'HIVER VENU, LA MALADIE S'AGGRAVERA ».

Quand on a chaud et puis froid et encore chaud puis encore froid on est affecté de ce qu'on appelle les fièvres intermittentes. L'explication en termes yin/yang, c'est que les pervers de la chaleur estivale demeurent bloqués à l'intérieur ; quand le yang désire s'étendre, le yin le bloque. Il s'ensuit un grand froid, le feu voudrait se dégager mais il est retenu prisonnier par le yin. Cela produit donc de la chaleur. Métal (Automne) et feu en viennent aux mains. Il y a donc aller et retour de grands froids et de chauds. Les fièvres se déclarent à la saison qui suit l'été, l'automne. La situation s'aggrave quand on parvient à l'hiver parce que la vie n'est plus assez soutenue par le rayonnement solaire...»


Extraits tirés de l'ouvrage de JM EYSSALET «les cinq chemins du clair et de l'obscur» Guy Trédaniel éditeur

L'Été - Xia

«L'idéogramme représente une tête. D'après Wider & Ingram, il s'agissait - d'un homme qui marche avec les mains pendantes...comme font les fermiers en Été quand les moissons mûrissent toutes seules - Cette interprétation surprenante peut être complétée par l'analyse de la graphie antique : signe cyclique wu qui marque la période de Midi et le solstice d'été. Il représente une croix surmontée d'un toit. Le toit évoque bien la tête, en même temps sommet et arrêt ; la croix souligne que cette apogée est aussi une expression totale engageant le cycle tout entier.

Le jour le plus long, ainsi que l'étoile huo (feu) servent à fixer le Milieu de l'été (solstice). Alors les hommes continuent (leurs travaux agricoles), les plumes et les poils des animaux s'éclaircissent.

Le chapitre 2 du Su Wen explique à son tour :  les trois mois d'été évoquent un épanouissement (fan xiu).  Les souffles du ciel et de la terre s'inversent (le yin commence à croître, le yang à décliner) la création est en pleine beauté. On se couche tard, se lève tôt. On recherche le soleil, on se met de bonne humeur, on s'épanouit de manière à ce que le souffle (interne) puisse s'extérioriser à son gré.

Le Dao correspondant est de cultiver la croissance (yang zhang).

L'étoile huo, littéralement feu, marque le milieu de l'été, approximativement le 21 juin, date du solstice. L'été se déploie donc de part et d'autre de cette culmination et commence aux alentours du 6 mai. L'homme doit laisser s'exprimer les forces d'expansion : c'est ce qu'expriment les termes fan, prospérer et xiu, s'épanouir...Ainsi libérées, les forces d'expansion achèvent sans entrave leur extériorisation ; c'est ce que l'on nomme : cultiver ou nourrir la croissance.

Par yang chang l'été assure la libération complète de la tension yang ainsi qu'un retrait harmonieux, un retour sans contrainte. Le contraire, c'est à dire la rétention, la répression du mouvement de croissance blessera la fonction même de l'expression dans l'homme c'est à dire le Coeur (entendre ici non seulement le système circulatoire, mais l'Esprit humain tout entier). De même, le feu non exprimé empoisonnera la saison suivante sous la forme de fièvres ou d'inflammations. Enfin les souffles retenus de l'expansion d'été entreront en conflit total avec le mouvement de conservation des souffles de l'hiver.

L'animal symbolique du secteur Méridional du Ciel est l'oiseau rouge. G. Schlegel traduit ainsi : L' Oiseau Rouge des astronomes n'est autre que la caille...Celle en question est la caille rouge... Pendant l'été, elle se montre et à l'automne, elle disparaît. En volant, elle se tient près des plantes ; tout ceci est semblable à la nature de Feu.(Uranologie chinoise p.72)

D'autres lui attribuent la nature du Phénix, symbole de l'Impératrice, d'autres encore y voient un faisan, dit "Oiseau d'heureux présages" pour les populations de l'Ouest de la Chine auxquelles il annonçait l'été».

 

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